Dictionnaire amoureux de la France - [26]
En matière de littérature j’avoue sans vergogne une prédilection pour les écrivains de mon pays. Elle ne m’a pas empêché d’aller butiner ailleurs, c’est ma pente à la vadrouille. Reste qu’une fable de La Fontaine, une tirade du Cid ou certains vers des Feuilles d’automne me toucheront toujours davantage que les échappées belles — parfois très belles — dans la littérature étrangère. « Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux… » : ce vers de du Bellay s’applique à mon désir spontané, quand je sors un « Pléiade » de ma bibliothèque. Pourquoi ne pas s’évader ? J’hésite et je finis par choisir un auteur de notre patrimoine, sachant qu’avec lui l’évasion ramènera mon cœur au plus près de ses sources.
Je ne crois pas avoir passé une semaine depuis mon adolescence sans lire un écrivain français ; ni une année sans relecture d’au moins trois ou quatre de nos classiques. Et, quand j’écris un livre, je ne lis que nos grands stylistes — de La Bruyère à Morand, le choix est vaste — avec l’espoir peut-être vain que ma plume ne sera pas trop indigne de leurs prouesses. Ma respiration la plus intime, mes émois les plus secrets, mon regard sur un paysage, mon approche de la féminité, le mode de mon patriotisme et en somme ma façon de vivre ma vie doivent beaucoup à cette fréquentation, qui m’a prémuni de la société qualifiée de « spectacle ». Je ne vais guère au cinéma, et jamais pour y voir un film démarqué d’un livre qui m’importe. Les images ont éclos, avec leur mélodie ; elles se sont imbriquées à leur guise, en puisant dans le labyrinthe de ma poétique, je ne veux surtout pas qu’un réalisateur m’impose les siennes. Je ne regarde pas la télévision, je n’écoute pas la radio et, mes auteurs dramatiques de prédilection, je préfère les lire plutôt que d’aller les écouter au théâtre ; les comédiens me gâteraient le plaisir de savourer lentement une tirade, mots après mots, plusieurs fois. Aimer à ce point la littérature française, lui avoir voué mon existence en une époque où tout la marginalise, c’est du pur anachronisme. J’en ai amèrement conscience mais je ne regrette rien, mon bonheur était à ce prix. Lire, écrire, me balader : rien d’autre au fond ne m’a tenté, sauf l’aventure amoureuse ; encore ai-je toujours accordé les battements de mon cœur au diapason de mes chers écrivains. Quant au vagabondage, ça tombe bien : si j’aime voyager loin, sans ménager ma monture, c’est sur la carte de France que je préfère tailler la route — et, immanquablement, je retrouve une plume à chaque détour ou presque.
Épineuil
Il faut emmener à Épineuil Régis Debray, Max Gallo, Alain Finkielkraut et tous ceux qui ont tendance à idéaliser la III>e République à ses débuts, celle de la fameuse circulaire de Jules Ferry aux instituteurs de France, 1882. C’est un village du Berry tout proche de la forêt de Tronçais. Un village charmant et somnolent, aux maisons basses coiffées de toits marron. Deux rues s’y croisent, qui le résument ; à l’angle qu’elles forment on trouve un bar PMU et en face une demeure nantie d’une tourelle. Au bout d’une rue, l’église, trapue et si petite qu’on dirait un jouet. Puis la campagne. À l’autre bout, une grille de fer forgé, une cour, un préau, une buanderie.
C’était l’école où officiaient en qualité d’instituteurs les parents d’Alain-Fournier et c’est le décor de la plupart des chapitres du Grand Meaulnes. On l’a transformée en un musée confié aux soins d’un couple d’instituteurs en retraite. Leur obligeance permet au visiteur de découvrir les lieux dans leur intégralité, depuis le secrétariat de la mairie jusqu’au grenier où dormaient le narrateur et Meaulnes. Rien ne manque à ce mini-temple de la religiosité chère aux « hussards noirs » — les pupitres de bois sombre avec l’encrier de porcelaine blanc, le tableau noir, les cartes de géographie (A-OF, A-EF, etc.), l’estrade du maître, le poêle au fond de la classe, refuge des cancres. Je sais de quoi je parle. Des affiches électorales d’époque ont été encadrées dans la salle de la mairie, avec les incantations d’usage contre l’« ennemi clérical ». En toutes lettres. Comme souvent, l’instituteur faisait en même temps fonction de secrétaire de mairie. Le père d’Alain-Fournier était probablement rad-soc ou socialiste, et bouffait de l’andouille le vendredi saint. Ce qui n’empêchait pas son épouse d’aller à la messe et de fréquenter l’épouse du notaire, rang social oblige. En ce temps-là, l’instituteur et le curé étaient des personnalités aussi éminentes qu’un médecin, presque autant que le châtelain local.
Le Grand Meaulnes n’est qu’un roman : il a contribué à façonner l’imaginaire de trois générations de Français. Sans lui je serais peut-être le même, mais je ne saurais pas pourquoi. Sa magie, c’est l’imbrication du merveilleux dans la réalité la plus humble, la plus tangible, la plus raisonnable : une école publique de village à l’apogée de l’idéologie « républicaine ». Ce qu’il a de français, c’est l’irruption d’un songe lié à la noblesse (Guermantes, etc.) dans le cœur d’un adolescent très roturier : le voyage initiatique, la fête dans le château, Yvonne de Galais, la promenade sur l’étang, les bohémiens. Le récit ébloui de Meaulnes au narrateur, une nuit, au grenier. Une pureté paradoxale isole ce dadais de ses semblables : voilà le vrai secret. Sa grande solitude, la gaucherie de sa quête d’absolu le métamorphosent en un héros. Car Yvonne n’est pas inaccessible et d’ailleurs il va l’épouser. Mais sans échapper au cercle de la tragédie tracé par son absolutisme.
Стандарты собак отечественных пород, 1993 г. Разработаны племенной комиссией Российской Федерации служебного собаководства и Центральным Клубом служебного собаководства России. Утверждены Президиумом Российской Федерации служебного собаководства.
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