Dictionnaire amoureux de la France - [8]
Deux siècles plus tard, ni l’Église ni l’État ne se sont associés à la commémoration du sacre, en 2004. On peut les comprendre. On comprend moins bien que nos autorités se soient abstenues de commémorer Austerlitz, l’année suivante, au motif que Napoléon rétablit l’esclavage à Saint-Domingue. Des faits aussi peu reluisants, son règne en abonde, et, en voyant le fort de Joux dans sa froidure, je ne suis pas fier de la façon dont Toussaint-Louverture a été traité. Napoléon n’aura pas été un héros pur. La veuve et l’orphelin n’étaient pas son souci. Il a saigné la France à blanc, inoculé aux peuples d’Europe le venin du nationalisme et offert à Metternich l’aubaine d’une revanche des têtes couronnées. Ou plutôt d’un sursis. Le bilan politique n’est pas fameux. L’homme n’était pas recommandable. Pas haïssable non plus : ses fragilités sont touchantes. Il a pleuré à la mort de Lannes ; il était sujet à la déprime (pas longtemps) et souffrait d’être cocu, comme tout un chacun.
Quoi qu’il en fût de sa personne et de son œuvre, le regret lancinant d’un âge d’or n’a plus cessé de nous obséder. Napoléon III en a fait son beurre impérial — pendant vingt ans — et la geste gaullienne ne lui est pas moins redevable. Sans Napoléon, la posture impériale de Charlemagne, enluminée par Saint Louis, et la grandeur selon Louis XIV seraient trop loin de nous pour entretenir l’orgueil d’être français. Sans Napoléon, notre romantisme aurait tourné à l’eau tiède. Nous n’avons pas comme les Allemands le génie du fantastique, ou comme les Anglais celui du cosmopolitisme. Sans ce monstre d’égocentrisme, la France ne serait qu’un pays beau, riche et civilisé. Par lui et en lui, nous sommes « le veuf, l’inconsolé » d’une fausse madone putassière en diable, mais tellement désirable : l’Histoire, avec une majuscule dorée sur tranche.
Bovary (Emma)
Héroïne malgré elle car très égocentrique, peu maternelle et presque vulgaire dans ses fantasmes (le « luxe »). On lui pardonne, son rêve d’amour sonne juste en dépit du bric-à-brac de sensualité rustique, de mysticisme flou (l’enfance chez les religieuses), de velléités d’exotisme. En visant plus haut que son cœur, elle s’est tuée, car ses deux amants, eux, manquaient de cœur, et d’idéal. Comme tous les pauvres types que les Emma de jadis, de naguère et d’aujourd’hui prennent comme amants, parce que leur cynisme se trouve là au bon moment.
Ce qui m’émeut, et rend le « bovarysme » indémodable, c’est l’insatisfaction de la femme, captive d’un songe flou qui ne peut déboucher que sur l’adultère. Et elle est déçue, fatalement, ayant investi à corps perdu et hors sujet toutes les instances de sa sensibilité. C’est une « moderne » dont l’âme en charpie tente de retrouver l’unité « classique ». Tentative désespérée. Au tragique près (la mort, courageuse), le destin de la belle Emma, on le croise tous les jours, si on sait lire dans le regard des bourgeoises de province. Il faut juste un peu d’oisiveté, un reste d’éducation religieuse effilochée en imageries rose bonbon ou bleu pervenche. Les impatiences charnelles viennent de surcroît. Le cocu brave mec et bon père de famille, mais trop trivial, trop établi dans les aises d’un bonheur sympa, on en ramasse à la pelle après que son épouse s’est fait la malle avec son professeur de golf ou de yoga. Le positivisme à la Homais, qui jargonne « moderne » et ne pige rien, ça court les rues, les colloques et les Rotary. Yonville, alias Ry, ou Forges-les-Eaux, ça existe encore, et pas seulement en pays de Bray.
Emma, je suis allé à Ry, je t’ai cherchée dans la petite église sur la butte, puis dans le patelin tout en longueur avec ses maisons à colombages coloriés, sa rivière, un château en surplomb. Serait-ce celui de Rodolphe ? Je t’ai cherchée à Forges-les-Eaux aussi puisque, dit-on, Flaubert y séjournait lorsqu’il t’a conçue, sur la foi d’un fait divers local, l’histoire d’un toubib de base dont l’épouse a pris des amants. Aujourd’hui elle prendrait du Lexomil, ça ne suffirait pas plus que le confessionnal.
Emma, je t’aime comme tu es — futile, pas très futée, mais avec la suprême, la sublime intelligence du désir. Je te connais, je te reconnais : l’épouse frustrée — et fruitée — du médecin, du pharmacien, du notaire, de l’avocat, du cadre moyen ou un peu supérieur. Ça, c’était la province française de mon adolescence. Elle n’a pas tellement changé. Le bovarysme non plus. Il est seulement devenu plus urbain, et plus compliqué car désormais tu travailles et tu regardes la télé ! Tes songes sont plus sommaires, ils n’ont plus le temps de cristalliser, ta « sexualité » n’en revient pas. Car il y a ces histoires de « sexualité », et d’« épanouissement », dont t’accablent les magazines. Mais Léon et Rodolphe, dans leur défroque de bobo friqué, sont toujours aussi cons. Aussi vulgaires dans leurs appétences. Ils ne te méritent pas, tu divorces en pure perte car le suivant ne vaudra pas mieux. Pauvre Emma !
Flaubert voulait peindre une âme : la tienne, la sienne (« Madame Bovary, c’est moi »). Il a décrit cliniquement une pathologie française. Du moins ce qui passe pour tel, car à mon aune le bovarysme n’est pas une maladie, c’est l’entre-deux de la femme « moderne ». Soit elle couche comme on se douche et ça n’a aucun sel, ça détend juste les nerfs. Et encore. Soit elle ne couche pas et c’est une autre trajectoire, pas forcément déplorable. Soit elle bovaryse, ponctuellement ou éperdument, et son destin la guette, au creux de la déception. Ce don de soi pour ça, se dira-t-elle, c’est trop moche pour être supportable. Quel gâchis ! Pourtant je l’aime, ce salaud. Après Léon le bobo du côté de la rue Oberkampf, il y aura Rodolphe à Tourgeville ou à Ramatuelle, sa Porsche, ses costards griffés, sa piscine dessinée par un artiste postmoderne. Après ? Le vide et le trop-plein. Pauvre héroïne ! Ton mal est inguérissable, et tant mieux : aussi longtemps que ses similibourgeoises bovaryseront tandis que leur mec officiel fait son tiercé ou boursicote en prenant son whisky, la France ne sera pas un pays de tourisme sexuel ou de puritanisme hystéro ; elle restera le havre des sensualités inassouvies. C’est un des versants les plus poignants de son génie.
Здесь Андрей Ангелов рисует облик современного читателя! По его мнению, читатели делятся на два основных биологических вида: настоящие читатели и псевдочитатели. И это только начало сей эволюции... Данная версия - единственно авторская и без цензуры, что есть в Рунете, с новой обложкой. Плюс автор добавил реальных фото читателей и примеров/описаний, а также вставки из 2020 года... Ну, и чуть сорвал покровы с одного сайта... на букву Х (зачёркнуто) Ф.
Наш российский поисковик знает ответы на все вопросы. И вопрос, вынесенный в название книги — не исключение. Автор/составитель книги заскриншотил доказательства. Да, и всё не так однобоко, как может показаться… Получилась интересная новелла, с нотками абсурда. Ну, как всегда у Андрея Ангелова…
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