Dictionnaire amoureux de la France - [7]
L’assassinat du duc d’Enghien m’aurait écœuré, c’était une vraie saloperie. Le Concordat m’aurait rassuré, il fallait bien réconcilier la mitre et le bonnet phrygien. L’œuvre du législateur laisse pantois, il a tout conçu, tout prévu, tout mis en œuvre ; j’aurais admiré ce chantier herculéen.
Le sacre m’aurait fait rigoler. Tellement kitsch que ses maréchaux (de fraîche date) ne l’ont pas pris au sérieux. Ils désapprouvaient cette mascarade qui rendait paradoxalement le bonapartisme plus précaire et à Notre-Dame ils se sont comportés comme des reîtres. Tout de même, le mariage bâclé avec Joséphine, le coup de la couronne sous le nez du pape médusé, la musique de Paisiello, c’était du beau théâtre romantique. Davantage que du théâtre : en regardant la toile de David (un salaud de génie), on est touché par un mélange de folie mégalomaniaque et de grandeur. Il se prenait pour César Auguste et il a plié la réalité à cette extravagance.
La frénésie guerrière, l’Europe mise à sac, Austerlitz, Wagram, Essling, Eylau, l’Espagne, la Russie, la campagne de France… Peut-être me serais-je engagé pour n’être pas de reste, et j’aurais été une victime parmi tant d’autres de sa fuite en avant. Tous ces cadavres pour aboutir au traité de Vienne et à la Restauration. Reste qu’il a toisé les Pyramides, dormi à Schönbrunn et au Kremlin : ça fait rêver. En langage de rugby, on dirait qu’il les a « bougés ». Tous : les rois, les princes, les peuples, les généraux en chef, les penseurs (Hegel).
Peut-être, à l’instar de Chateaubriand — ou de Constant —, sa tyrannie m’aurait-elle acculé à l’exil. Quitte à le rejoindre pour ce fabuleux « vol de l’aigle de clochers en clochers » depuis Golfe-Juan jusqu’à l’Élysée. Les Cent-Jours, c’est encore du Dumas.
Au fond, on ne sait pas par quel bout de sa lorgnette un citoyen lambda envisage le fragment d’histoire de France qui tombe sous son regard, et le somme de prendre un parti. Surtout quand ça chauffe. Ne jamais juger l’enrôlé d’une cause. Un milicien âgé de vingt ans fusillé à la Libération aurait pu tourner au héros de la Résistance, il eût suffi que son copain de chambrée lui prête un livre de Malraux plutôt que de Drieu ou de Rebatet. Je suis incapable d’imaginer mon choix au moment de la Fronde. Mazarin, les Princes ? Les Mousquetaires se sont divisés, j’aurais sûrement hésité. Toute cause semble attrayante à un cœur juvénile, aucune n’est claire si l’on prend le moindre recul. Mais justement, avec le recul de deux siècles, ce Corse ivre de fatuité et d’une vulgarité de parvenu continue de m’ébahir. Je ne suis pas le seul. Dans les cryptes de son inconscient, la France reste captive d’une mythologie délirante et magnifique : la sienne, depuis le pont d’Arcole jusqu’à la chambre de Longwood, à Sainte-Hélène. La vie de chacun des vingt-quatre maréchaux débute en chanson de geste et s’achève en roman de Balzac. Tous héroïques au feu. Tous vendus ou sous-loués à la Restauration puis à la monarchie de Juillet, nonobstant un passé plus ou moins gauchiste. Je les admire tous, même si j’ai des préférences pour ceux du Sud-Ouest (Bessières de Prayssac, Lannes de Lectoure, Murat de Labastide). Je ne pardonnerai jamais à Louis XVIII d’avoir fait fusiller Ney, même s’il a tourné puis retourné sa veste.
Napoléon I>er, c’est le grand soleil noir de notre mélancolie nationale. Ce qu’on lui doit est insondable, il nous le fait payer cher, en monnaie de spleen. D’une certaine façon l’histoire de notre conscience nationale débute à Waterloo, morne plaine. Ou dans le claque doré de l’Élysée à l’instant de l’abdication. À peine les Anglais l’ont-ils déporté, les vagues de la nostalgie inondent les cœurs des demi-soldes. Ils ont une jambe de bois, un moignon dans la manche et à peine de quoi s’offrir une prise de tabac, mais ils étaient à Essling avec Lannes (mon préféré), au siège de Lisbonne avec Soult, au passage de la Berezina avec Ney. Ils ont la faveur de la jeunesse, elle se morfond sous le prosaïsme du gros Louis XVIII, le puritanisme du sinistre Charles X, les atermoiements de l’insipide Louis-Philippe. « Je suis venu trop tard… » Ainsi va éclore le romantisme français, dans le sillage de Chateaubriand, l’autre géant, l’ennemi intime, très intime, du satrape qui toujours mendia son ralliement. Hugo, Balzac, Dumas, Vigny, Gautier, Musset, Stendhal : autant d’orphelins de l’épopée. « Mon père, ce héros au sourire si doux. » Ce père, nous n’avons pas cessé d’en porter le deuil, son absence a fait éclore Maurice de Guérin, Baudelaire, peut-être Rimbaud, Malraux assurément.
Le Retour des cendres illustre l’état d’esprit où nous pataugeons encore. Hiver 1840. Thiers a convaincu Louis-Philippe de rapatrier les restes de Napoléon pour filouter la nostalgie dont les feux épars menacent d’incendier le régime. Guizot a négocié la restitution à Londres. Joinville embarque pour Sainte-Hélène et fait ouvrir le cercueil. Miracle : le visage de l’Empereur n’a pas changé. Le revoilà sur les rivages de la France. Rochefort. Le Havre. Rouen. Au bord de la Seine, la ferveur populaire des gens de peu atteint des paroxysmes d’émotion. Des grognards hors d’âge ont revêtu ce qui restait de leur uniforme et se congèlent au garde-à-vous, de grosses larmes dans les yeux. Ils étaient à Friedland, à Leipzig. C’est le vieux Soult, président du Conseil, qui le premier s’incline devant le cercueil, à Courbevoie. Soult, héros sur les champs de bataille, médiocre combinard après Waterloo, rallié à toutes les gamelles, fût-ce pour réprimer les canuts de Lyon. C’est Moncey, gouverneur en titre des Invalides, aveugle et impotent, qui va accueillir Napoléon devant l’église Saint-Louis. Quoi de plus romanesque ! De plus poignant ! De plus désespérant aussi, car enfin il s’agit d’un cercueil, l’Empereur est mort depuis plus de vingt ans. Les campagnes d’Italie et d’Égypte remontent au siècle précédent et une génération devenue adulte sépare le temps présent de celui de l’épopée. « Maintenant nous pouvons mourir », conclut Moncey au soir d’une cérémonie qui a drainé un million de personnes entre l’Arc de triomphe et les Invalides, dont Balzac, Baudelaire et Hugo.
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Форматирование файла не завершено (Stribog).Эти не только древние, но и интересные рецепты не потеряли актуальности и в нынешнее время. Правда, хочу заметить, что не все из них безопасны. Особенно те, где используется ртуть и соли тяжелых металлов (в частности это касается раздела «Парфюмерия»). Так что думайте Сами.С уважением, Сергей Каштанов.
Руководство предназначается для изучения тактико-технических характеристик, устройства принципа действия, правил применения, хранения и транспортировки противотанковой мины ТМ-72 и минного взрывателя МВН-72.
rufb2edit 0.0.908 сен 2015http://lifehacker.ru/2015/01/22/chitat-v-3-raza-bystree/web2fb2_201509080815_87756238791.0Учимся читать в три раза быстрее за 20 минут - ЛайфхакерИя Зорина 22 января 2015Учимся читать в три раза быстрее за 20 минутУмение быстро читать освобождает кучу свободного времени. Только представьте, вы можете в три раза быстрее справляться со всей литературой — технической, профессиональной или художественной. А теперь приятная новость: в отличие от большинства навыков, которые нужно осваивать постепенно, скорочтение доступно вам уже через 20 минут тренировки.
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