Dictionnaire amoureux de la France - [35]
Gaulois
Nos ancêtres n’étaient pas tous gaulois, tant s’en faut, et les instituteurs qui décrétèrent cette ascendance obéissaient à un parti pris idéologique manifeste : les rois francs, le peuple gaulois. Du temps où nous possédions une A-OF, une A-EF, une presqu’île en Indochine, des îles dans les Caraïbes et l’océan Indien, le présupposé avait quelque chose de burlesque. Il continue d’offusquer les Français dont la peau est cuivrée, ou noire comme l’ébène. On peut les comprendre si leurs ancêtres par le sang habitaient la vallée du Mékong, le mont Cameroun ou le Cap haïtien. À chacun ses racines, et la mythologie qu’on peut touiller avec.
Et pourtant, puisque le sentiment d’être français ne procède pas du sang et puisque chaque peuple se forge un mythe des origines, celui-là en vaut bien d’autres. En tout cas c’est le nôtre. Le sol n’est pas tout, mais il n’est pas rien et la France a un positionnement précis sur la mappemonde. S’il ne la résume pas, on ne saurait en faire fi. On ne peut nier que la Gaule plus ou moins « chevelue » a précédé la France, qu’elle a été romanisée par le fer et le feu, que ses peuplades, approximativement celtiques, possédaient une culture — en gros le druidisme, une forme bordélique de démocratie, un art préfigurant l’abstrait. Cette culture a survécu entre les mailles tissées par la monarchie catholique, puis son héritière en ligne directe, la république laïque. Les croix de pierre érigées partout sur le sol français ont souvent pérennisé en le bénissant un lieu de culte celtique. Louable permanence de la religiosité. On ne peut nier Brennus, Vercingétorix, Gergovie puis Alésia, les Arvernes trahis par les Éduens (ou l’inverse) : cela fait partie de ce mixte d’histoire et de légende sans lequel un pays n’a pas d’âme collective. Donc n’est pas un pays. Dans ce sens et en vertu d’une logique coloniale issue des Lumières — que je réprouve dans son principe —, il n’était pas absurde d’assigner à un Gabonais des ancêtres gaulois. Les miens l’étaient-ils un peu, beaucoup, totalement ? Je n’en sais rien, mais je les revendique avec d’autant plus d’aise qu’Obélix a planté un gros menhir près de mon village. Je sais ce que la France doit à Rome, mais nos ancêtres étaient gaulois, je n’en démordrai pas. Il me plaît de savoir qu’après le premier édifice chrétien, le Moyen Âge a reconstruit à Chartres l’inestimable cathédrale sur l’emplacement précis d’un lieu sacré du druidisme des Carnutes. Jean Markale, qui dans une autre vie fut mon prof de lettres, a beaucoup écrit, et milité, aux fins de revaloriser la part de celtitude de nos racines. Il en rajoute, parce qu’il est breton ; reste qu’il est précieux d’avoir eu un contrepoids à la rationalité gréco-latine et à ses bâtards, l’ordre catholique et le centralisme administratif. Le cycle du roi Arthur traduit cette infusion de mythologie celtique dans la dramaturgie chrétienne et je me demande si l’anarchisme brouillon qui en moi s’insurge contre toute autorité ne vient pas de là. En vertu de quoi Goscinny a eu bien raison de ressusciter avec Astérix ces ancêtres-là, et un Français aurait tort de les renier, de quelque latitude qu’il provienne. D’autant qu’ils ne sont pas exclusifs : on peut se les approprier sans oublier ceux qui ont colorié le sang en noir ou en jaune plutôt qu’en blanc.
Gauloiserie (La)
Voici qu’apparaît au coin de la rue un joli minois monté sur jambes de gazelle, avec en prime de l’audace dans la prunelle, de la félinité dans le déhanchement. La scène se déroule quelque part en France. Aussitôt fusent des terrasses les hommages masculins les moins protocolaires. Une dame bien silhouettée, ça nous parle à la fois comme un poème de Ronsard et comme une chanson à boire. Si elle comparaît sur le théâtre de la politique, ses talents seront appréciés prioritairement à l’aune de son potentiel érotique. Supposons qu’elle réussisse, on la présumera experte en jeux d’alcôve. On cite comme des aberrations la star de la télévision, l’attachée de presse, la fonctionnaire de haut rang qui ne « couchent pas ». Ce n’est pas que l’on doute a priori de la compétence professionnelle d’une femme haut perchée dans la hiérarchie de son job. On s’en fiche ; c’est sur canapé que notre imaginaire l’étale, on n’y peut rien, elle non plus. La pire virago aura droit aux indulgences plénières du macho le plus invétéré dès lors que son anatomie obnubile ses mirettes.
L’érotisme est universel et sous toutes les latitudes, depuis la nuit des temps, l’homme se dépêtre de sa pudeur et de ses appétences en balançant des vannes de facture para-sexuelle. En France c’est l’un des ingrédients de base de notre art de vivre. Les descriptifs anatomiques font éclore un argot ad hoc, variable selon l’époque et le milieu. Nous avons la passion de la féminité, l’épicurisme à fleur de peau, nous sommes des Latins et nous aimons rigoler. (voir : Rires). Il en résulte ce flux de gaillardises, de paillardises qui a caractérisé notre théâtre de boulevard, inondé nos proverbes, et qui abreuve nos propos de comptoirs ou de salons. Sacha Guitry était-il pour ou contre les femmes ? « Tout contre », répondait-il, et les bourgeois souriaient d’un air entendu. Les gaudrioles d’almanachs étaient plus franches, plus populaires, mais l’humour fonctionnait sur un registre identique, la vertu bafouée, le mari trompé, le désir triomphant dans les bras d’une femme dévêtue, infidèle par définition, vénale à souhait, perverse sur les bords. Ne pas s’y tromper : le mâle français a de la sentimentalité à revendre, et il voue depuis neuf siècles un culte à l’éternel féminin. Mais par bravade et en haine du puritanisme, il en rajoute dans la gaudriole. Si les femmes semblent en faire les frais, elles ne sont pas dupes : pourvu que l’histoire salée ne soit pas trop salace, elles prennent leur part de la rigolade. La mijaurée ne s’offusquera que pour la forme si l’objet du désir, fût-il évoqué avec une certaine crudité, se trouve être son propre séant. Sans se l’avouer positivement, elle appréciera qu’il ait l’heur d’affoler des neurones masculins. En revanche, elle ne pardonnera jamais à quiconque l’a jugé plat comme une limande ou « en goutte d’huile ». « Je sculpte de beaux culs », disait Maillol, et c’était dire beaucoup plus que l’apparente trivialité du propos. Au pays de Rabelais, de Brantôme, du Vert Galant, de Marianne et de la Madelon des poilus de 14–18, la gauloiserie a toujours pris ses aises ; l’émoi charnel et ce qui s’ensuit font moins peur que n’importe où ailleurs. Question de tempérament peut-être, de culture à coup sûr. Dans un État qui a baptisé ses cigarettes Gitanes ou Gauloises, la pudibonderie ne fait pas recette. Nos gourmandises de peau satinée sous un jean bien moulé ont à voir, pêle-mêle, avec un mixte de poésie, de gastronomie et de religiosité. L’héritage catho nimbe la femme de mystère en la hissant dans les régions d’un idéal inaccessible ; il s’accommode d’une latitude considérable avec la morale apprise chez les prêtres et les instituteurs. D’où les polissonneries des fabliaux du Moyen Âge, puis celles de Théophile de Viau, de Tallemant des Réaux, de La Fontaine au Grand Siècle. Dieu sait pourtant les efforts de Bossuet, côté cour, et des jansénistes côté confessionnal, pour extirper des libidos les fringales diaboliques. Mais quand Louis XIV soi-même déniaise la gentille La Vallière et pouffe au spectacle des cocus de Molière toujours refaits par une fausse prude, ses confesseurs rendent les armes : en France, seigneurs et manants couchent sans trop s’en excuser, à la grâce de Dieu.
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Ободряющее пособие для пьющего, пившего, собирающегося выпить…Поразительная история — такой книги в России не было. Нет, конечно, были всякие рецепты, анекдоты про пьянства, правила этикета, рассуждения о том, что такое правильное питие, а что — неправильное, злостное. Никто не написал слов, которые бы ободрили пьющего, пившего, собирающегося выпить человека в эту, безусловно, трудную минуту его жизни. Один умный приятель парафразировал: не пить в России — больше, чем не пить. Представляете, что значит пить в России — насколько это больше!
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Принят Государственной Думой 22 декабря 2004 года Одобрен Советом Федерации 24 декабря 2004 года (в ред. Федеральных законов от 31.12.2005 N 199-ФЗ, от 18.12.2006 N 232-ФЗ, от 29.12.2006 N 250-ФЗ, от 29.12.2006 N 251-ФЗ, с изм., внесенными Федеральным законом от 29.12.2006 N 258-ФЗ)
В книге рассказывается история главного героя, который сталкивается с различными проблемами и препятствиями на протяжении всего своего путешествия. По пути он встречает множество второстепенных персонажей, которые играют важные роли в истории. Благодаря опыту главного героя книга исследует такие темы, как любовь, потеря, надежда и стойкость. По мере того, как главный герой преодолевает свои трудности, он усваивает ценные уроки жизни и растет как личность.