Dictionnaire amoureux de la France - [22]
Deux-chevaux
Avec son minois de batracien haut sur pattes, sa modestie, son affabilité, la « deux-deuche » aura incarné l’évasion à la bonne franquette en un moment de l’Histoire où la France à nouveau se sentait jeune. Ce n’était pas une vraie voiture ; plutôt une bonne copine. La mienne était d’occasion, peinte en blanc et cabossée de partout. Ce cadeau de mon père aura contribué à prolonger la durée de mes études car, la sachant à ma botte, j’avais des envies de balades, à deux de préférence ou avec des copains.
Elle n’aimait pas les autoroutes et dans les côtes elle émettait des râles de poitrinaire. La disposition du levier pour changer les vitesses rendait le flirt incommode ; l’armature métallique des sièges avant n’arrangeait rien. De toute façon, je ne savais ni embrasser ni caresser si j’étais à gauche de ma copine de virée. Elle posait sa main sur la mienne, c’était déjà bien. Pour les urgences nous avions le recours du siège arrière. Mieux valait tout de même se hasarder dans un chemin en espérant y débusquer une clairière propice. Encore fallait-il que la météo y mît du sien.
Comme je l’ai aimée, ma vieille rossinante ! Vieille par son état civil, plaies ouvertes, mais si jeune de tempérament. Entre le filoutage des bacs et celui d’un vague diplôme, nous ne nous sommes guère quittés ; à la fin, elle connaissait la France sur le bout du cœur. Du mien. À quelques départements près, nous avons écumé le pays de part en part, avec des escales dans les bars, les églises, les stades. Elle m’attendait gentiment et, si j’étais ivre, elle décrétait toute seule la route à prendre. Ou bien s’arrêtait pour me laisser dormir.
Avant elle, il y eut un Solex, puis une Mobylette. Après, des voitures. Elles sont faites pour se déplacer, ou pour frimer. Rien à voir avec mon adorable « deux-deuche », humble et souriante complice d’un besoin d’évasion assez frénétique. « Ciel, amour, liberté ! » Mon rimbaldisme ne trouvait d’autre exutoire que la fuite sur des lacets de bitume, loin des villes, loin des facs — et, si le soleil brillait dans le ciel, j’ouvrais le toit, le vent se mettait dans les voiles, je braillais un tube de l’été. Nous étions libres, elle et moi. Dans mes souvenirs elle reste associée à ces moments de la vie où les routes s’offrent sans péage aux songes d’aventure. J’étais d’Artagnan, nous quittions juste la Gascogne et au bout de la route j’espérais trouver trois amis. En ce temps-là on twistait l’avenir en espérant ne pas chuter trop vite dans l’âge adulte. La « deux-deuche » n’était pas adulte comme ses grandes sœurs de Citroën déjà mariées et installées, la DS et l’ID. Elle n’était pas formatée comme la Coccinelle de mes copains raisonnables. Pas snobinarde comme la MG de mes copains friqués. Elle était sympa et désinvolte, sans le moindre souci de connoter ceci ou cela. En quoi elle ressemblait aux filles qui me plaisaient, à la vie que j’avais envie de mener, à la France que j’avais tendance à rêver.
Donjon (Le)
L’autre pays de mes racines est un aimable chef-lieu de canton situé aux frontières de la Sologne bourbonnaise et du Brionnais. Reliefs doucement vallonnés, prairies bien grasses, bornées de haies où paissent des charolaises blanches. Maisons en pierre de grès, d’un ocre rosissant, coiffées de tuiles plates d’un marron assez doux. Deux châteaux sur la commune, pas mal d’autres aux environs et la Loire à dix kilomètres. Pour les autochtones elle figure une manière de Riviera. J’ai un vague souvenir de guinguettes — à Coulanges, à Bonnant ? — où mon grand-père m’emmenait manger de la friture et du fromage blanc à la crème. Le fleuve est doublé du canal latéral, des péniches s’y promènent, il y a des écluses. Un peu plus loin, les trappistes de Sept-Fons entretiennent comme ils peuvent les feux de la spiritualité. René Fallet, qui est de ce pays, précisément de Jaligny, a peint dans un roman burlesque un de ces moines en proie aux tourments de la chair. Elle m’a tourmenté aussi mais, pour moi, cette trappe de rase campagne était plutôt un phare dans la nuit de mes équivoques. Le hasard a voulu qu’un copain de lycée en devînt le père abbé, autant dire le patron. Comme si un mince fil de piété me rattachait à l’enfant de chœur que je fus entre mes dissipations sans nombre.
L’église où l’on m’a baptisé dans la foi catholique, apostolique et romaine, est moche, comme toutes celles qui furent érigées dans la seconde moitié du XIX>e siècle. Mais, depuis le cimetière qui surplombe le bourg, on voit le clocher pointu rassembler des ouailles en forme de toits marron, c’est un bon vieux patelin de la France agricole. Du reste, une jolie chapelle mi-romane mi-gothique règne sur les tombes.
Autant le granit d’Auriac est austère, autant la pierre rose de Mellerey produit une impression de sensualité lourde et d’opulence. Là-bas de vastes horizons, ici des vagues raisonnables ; c’est à peine si on aperçoit les contreforts du Forez. Les autochtones parlent d’une « montagne de Saint-Léon » comme d’un Everest ; la vérité oblige à dire qu’il s’agit d’un monticule, aimable au demeurant. Mes deux arrimages, distants de deux cents et quelques kilomètres, n’ont de commun que la ruralité. Là-bas c’est oc, en patois limousin, ici c’est oïl, avec un accent déjà bourguignon qui escamote des consonnes. Là-bas des sols ingrats obligent à l’exil ; ici ils sont gras, les gens sont restés. Auriac, je vois mal quelle sorte d’écrivain aurait pu s’en inspirer. Le Donjon, c’est Maupassant mâtiné de Flaubert.
Общеизвестно, что бывших одесситов не бывает. Город Одесса привлекает к себе внимание необычностью своего рождения и развития. Автор постарался в минимально возможном объёме изложить в хронологическом (по годам) порядке важнейшие события из истории города, особенно, раннего периода, начиная с его рождения.
В книге рассказывается история главного героя, который сталкивается с различными проблемами и препятствиями на протяжении всего своего путешествия. По пути он встречает множество второстепенных персонажей, которые играют важные роли в истории. Благодаря опыту главного героя книга исследует такие темы, как любовь, потеря, надежда и стойкость. По мере того, как главный герой преодолевает свои трудности, он усваивает ценные уроки жизни и растет как личность.
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