Французский авантюрист при дворе Петра I. Письма и бумаги барона де Сент-Илера - [98]

On l’avoit même arrêsté. Si je n’avois insinué et fait insinuer par mes amys que comme il avoit un brevet du Roy, qu’on seroit peut estre mal de le faire sans en informer sa Cour, je ne scay pas même si l’on ne l’arretera point encore, ce qui tourneroit au grand désavantage de la nation. Il est certain qu’on ne le laissera jamais sortir du pays qu’il ne paye tout ce qu’il doit.

Estant informé qu’il ne pouroit point avoir son passeport qu’il n’eu satisffait tout ses engagements, forma le dessein de se sauver, et pour cet effet s’est voulu servir [?] contre son droit du crédit de M. le résident de Prusse qui est party pour sa Cour depuis huit jours, auquel il proposa de le prendre à sa suitte sous le tittre de son valet de chambre, ce que le résident refusa.

Les marchands francois se voyant en proy du mépris et abbandonnez de toutte protection, son venus en corps chez moy pour me prier de leur accorder ma protection, dans le besoin, ce que je leur ay accordé avec beaucoup d’honneur et de plaisir pour avoir occasion de leur témoigner le zèle que j’ay pour ma patrie, je suplie très humblement Votre Altesse Royalle d’estre assurée que j’agiroy en tout sans aucune reserve pour les soutenir et d’employer tout le peu de crédit que j’ay tant auprès du monarque que je sers que de son ministère, j’espere qu’ils me donneront par la suitte en témoignage de la fidelité avec laquelle je les soustiendray.

Je croy que Votre Altesse Royalle ne trouvera pas mauvais que je luy représente ce que cette Cour a seü au sujet dudit commissaire de France.

1. Qu’il est natif de la ville de Bourdeaux protestant d’origine, où il a fait deux banquerouttes frauduleuses pour raison desquelles il a été prisonnier et poursuivy criminellement au parlem[ent] de Bourdeaux de laquelle prison il s’est sauvé.

2. Après son évasion il s’est retiré en Angleterre où il a esté encore obligé de se sauver.

3. D’Angleterre il a passé en Italie où il a encore fait faillite.

4. D’Italie, s’est retiré à Hambourg où il s’estois fait lutérien et a abjuré sa religion protestante reformée par veux d’interest.

5. Qu’il a fait entendre à M. le comte de Pontchartrin pour avoir son employ, qu’il avoit fait abjuration de ses religions et qu’il avoit embrassé la religion catholique apostolique et romaine cependant l’on voit icy qu’il suit encore sa première religion a liscandal [?] de tous les François catholiques romains qui sont icy.

6. Qu’il a couru toutte l’Allemangne pendant quatre à cinq années faisant [?] toute sorte de personnages

Touttes ces decouvertes n’ont pas laissé, Monseigneur, de faire croire à cette Cour les choses du monde les plus desavantageuses contre le ministère du plus grand Roy de l’Europe, de s’estre servy d’un tel homme pour la première fois sans se payer où il auroit falu, Monseigneur, si j’ose le dire à Votre Altesse Royalle, un homme de toutte probité et auquel ont eu pû rien reprocher, puisque je croy qu’il convient pour les interests de la France, d’établir un commerce dans ce nouveau monde, d’autant mieux que Sa Majesté Czarienne est toutte portée à estre et vivre dans une étroite armonie avec Sa Majesté très Chrétienne de quoy je puis assurer Votre Altesse Royalle de laquelle j’ay l’honneur d’estre avec le respect le plus profond,

Monseigneur,

De Votre Altesse Royalle, le très humble et très obéissant serviteur

de St Hillaire, Baron du St. Empire.

A Saint Petersbourg Vingt neuf décembre 1715.

AN. Marine. B7 265. F. 209-210 v.

Перевод:

Его королевскому высочеству графу Тулузскому Для вынесения на Регентский совет.

Обсуждено на заседании Совета морского флота, состоявшемся в Лувре

17 февраля 1716 г., Ла Шапель.

Решение Регентского совета: Оставить дело без решения.

Милостивый государь, уповаю на то, что Ваше королевское высочество милостиво позволит мне иметь честь писать к Вам. Я бы никогда не взял на себя такую смелость, если бы меня не обязывали к этому ревностная преданность, которую я сохраняю к славе короля, моего законного повелителя, и чести столь славной нации как наша, хотя я и был принужден покинуть Францию из-за дела чести и вопреки моим склонностям служить во время прошедших войн врагам моей родины в течение пятнадцати-шестнадцати лет.

Судьба заставила меня искать службы у Его царского величества, который соблаговолил удостоить меня должности директора гидрографических школ и назначить командующим корпусом из трехсот гардемаринов, которые он учредил в военной гавани на тех же основаниях, что и во Франции, в соответствии с проектом, который я имел честь ему представить.

Имею честь сообщить Вашему королевскому высочеству, что год тому назад в эту страну приехал господин Лави с патентом комиссара по морским делам для представительства при здешнем дворе и исполнения этой должности. Его царское величество был весьма удивлен тем, что подобное лицо прибыло в страну вести дела Франции без верительных грамот и какой-либо рекомендации, имея лишь простой патент. Тем не менее он приказал, чтобы ему оказывались все мыслимые знаки уважения и все возможные почести, поскольку он прибыл от имени монарха, к которому он питает глубочайшее почтение.