Dictionnaire amoureux de la France - [30]
Lors de ces sommets, qui en soi sont des rituels dépourvus d’intérêt, et lassants à la longue, une fraternité indéniable rapprochait le musulman du catholique, de l’athée, du bouddhiste. De rudes dictateurs et des staliniens de stricte obédience fraternisaient avec des démocrates à la sauce occidentale. Des Peuls croisaient des Khmers, des Mauriciens s’attablaient avec des Roumains, c’était un cosmopolitisme de bon aloi, à l’enseigne d’une langue que tous maîtrisaient. Chacun avec son accent et ses termes idiomatiques, comme en France lorsqu’un Catalan parle à un Picard, ou un Basque à un Alsacien. Tous ces francophones aiment la France, ou du moins l’idée qu’ils s’en font sur la foi des clichés d’usage : « patrie des droits de l’homme », etc. Je voudrais être sûr que la France les aime. Je pense à ces Africains que l’on fait mariner devant nos consulats pour l’obtention d’un visa, et à ces étudiants qui filent aux États-Unis et au Canada, faute d’une politique boursière de nos autorités. L’Afrique francophone, Maghreb y compris, reste le vivier de base de la francophonie, ainsi qu’un arrière-pays pour nos imaginaires ; accessoirement, une source de jouvence pour notre littérature. Tôt ou tard, le continent africain prendra sa place dans le village planétaire. Soit on y parlera français, et l’avenir est garanti, sur tous les plans ; soit on le parlera de moins en moins ou plus du tout, et notre pays survivra dans sa langue autour de son nombril hexagonal. Il a beau être ce qu’il y a de mieux sur la surface de la terre, ça ne suffira pas à remettre la France sur les rails de sa grandeur.
Fraternité
Alors qu’il était encore soldat, saint Martin donna à Amiens la moitié de son manteau à un pauvre. Le premier évangélisateur des Gaules inaugurait sans le savoir une approche toute française de l’amour du prochain : la fraternité. Ce dernier mot du triptyque inscrit sur les frontons de nos bâtiments publics a fait l’objet de débats avant que d’être adopté. Les autres pays ne l’ont pas mis dans leur devise. Fraternité : un élan venu du cœur qui se matérialise par un coup de main et reflète une tendance profonde de la spiritualité française, celle de saint François de Sales et de son disciple saint Vincent de Paul. Le sans-logis est transi de froid ? L’abbé Pierre harcèle les autorités et fonde Emmaüs. Le miséreux croupit dans un bidonville en Égypte ou en Inde ? Sœur Emmanuelle vient le secourir. Le largué, le chômeur, le clodo ont faim ? Coluche fonde les Restaurants du cœur. Ils n’ont pas donné une leçon de morale, ils n’ont pas théorisé leur acte ; ils ont obéi à un réflexe — et, comme par hasard, dans un pays apparemment très déchristianisé, l’abbé Pierre et sœur Emmanuelle ont eu la faveur des Français dans les sondages d’opinion. De même Coluche. Les pionniers de Médecins sans frontières furent tout aussi populaires. On tuait en série des Ibos au Biafra, ça leur a soulevé le cœur, ils sont allés soigner sur place. Le Français préfère l’honneur à la morale, et brocarde volontiers le pharisaïsme du bigot, quelle que soit sa chapelle. Trop cocardier et individualiste pour embrasser l’humanité dans un amour abstrait et pontifiant, il est sujet à des tentations xénophobes, voire racistes à l’occasion. Mais si l’Arabe du coin avec qui il trinque est dans la peine, il fraternise spontanément. Ne lui dites pas qu’il a été charitable, sa pudeur s’en offusquerait. Il vous confirmera même, par bravade, que les Arabes, il n’aime pas. Mohamed, c’est différent, il le connaît, ils sont copains. Ceux qu’on a qualifiés de « moralistes français » (La Rochefoucauld, Chamfort, Vauvenargues, etc.) sont des pessimistes attachés à démontrer la bassesse de l’âme humaine, pas des professeurs de vertu. Le peuple français n’est guère « moral », il se fait un devoir de voler le fisc ou la Sécu et les vertueux professionnels — clercs ou intellos — le font vite ricaner. En revanche, il est charnellement fraternel ; il a ce bel instinct qui le rapproche d’autrui et le rend capable de toutes les générosités et de tous les héroïsmes, sinon malgré lui, du moins malgré son fond de scepticisme.
« French flair »
« French flair » : ainsi les Anglais ont-ils qualifié un style de jeu où le goût du risque, l’improvisation et le sens de l’esquive procurent aux attaquants un vif sentiment d’allégresse, et aux spectateurs une impression de maestria. C’est de rugby qu’il s’agit et, entre la Libération et les années soixante, l’école lourdaise d’un certain Jean Prat a déposé la marque de cet art. D’ailleurs les Anglais appelaient Prat « Monsieur Rugby », tout simplement. Son frère Maurice et Roger Martine l’illustraient, tant sous les couleurs rouge et bleu du FC Lourdes qu’en équipe de France. Ils eurent des prédécesseurs — Max Rousié à Villeneuve, Coderc à Chalon, Dauger à Bayonne. Ils eurent des disciples pour ensoleiller le stade de Colombes du temps où de Gaulle bivouaquait à l’Élysée : Gachassin, Bouquet, les frères Boniface.
On décèle dans le « french flair » un souci du panache et un goût du défi opposables au culte de l’efficacité. Pourquoi « flair » ? Parce qu’il faut sentir le coup, ça relève de l’instinct. Et du désir. Pourquoi « french » ? Parce que s’agissant de guerre, ou de mode, ou de jeu, ou de galanterie, les Britanniques nous concèdent le monopole d’un sixième sens, celui de la divination. Ils ont raison. Nous avons tort de ne pas nous y fier plus souvent. Peser le pour et le contre, calculer les risques, quadriller le réel comme le détective de
В пособии рассматривается социальная сфера жизнедеятельности человека и связанные с ней угрозы безопасности личности и обществу. Характеризуются чрезвычайные ситуации социального характера (военные, межэтнические, межконфессиональные конфликты, массовые беспорядки), а также способы защиты населения и территорий.Для студентов высших учебных заведений, обучающихся по специальности «Безопасность жизнедеятельности», а также для широкого круга специалистов.
Принят Государственной Думой 22 декабря 2004 года Одобрен Советом Федерации 24 декабря 2004 года (в ред. Федеральных законов от 31.12.2005 N 199-ФЗ, от 18.12.2006 N 232-ФЗ, от 29.12.2006 N 250-ФЗ, от 29.12.2006 N 251-ФЗ, с изм., внесенными Федеральным законом от 29.12.2006 N 258-ФЗ)
В книге рассказывается история главного героя, который сталкивается с различными проблемами и препятствиями на протяжении всего своего путешествия. По пути он встречает множество второстепенных персонажей, которые играют важные роли в истории. Благодаря опыту главного героя книга исследует такие темы, как любовь, потеря, надежда и стойкость. По мере того, как главный герой преодолевает свои трудности, он усваивает ценные уроки жизни и растет как личность.
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