Хроники времен Екатерины II. 1729-1796 гг. - [221]

АВПРИ, ф. Секретнейшие дела (перлюстрация), оп.6/2, д.30, лл.301–301об.

16. Copie d’une lettre du comte de Ségur à la comtesse de Ségur

ce 4^e Aoust 1789

Mon cher cœur, j’ecris aujourd’hui à M. de Montmorin et dans ma depeche je lui parle en termes pressans d’une affaire qui vous interesse. Je detaille tous mes motifs de maniere à rendre la replique difficile, il faut que vous et mon pere vous agissiez de concert avec moi, c’est le moment decisif, car ne voyant pas d’apparence à l’expedition d’un courrier pour le mois prochain, j’ecris en chiffre par la poste ce que vour savés que j’aurois ecrit par ce courrier. J’attends la reponse avec une extreme impatience j’espere qu’elle m’arrivera les 1^ers jours d’8^lre, ne laissés pas de repos jusqu’à ce qu’on me l’ait envoyé. Nous n’avons ici aucune nouvelle qui puisse vous interesser. Nous en attendons des armées et ce ne sera probablement que dans 3 semaines que nous en recevrons d’inportantes. Je vous quitte pour ecrire à votre frere. Une petit isle dans mon jardin me sert de cabinet. J’y suis sans vent, sans soleil sous des arbres bien verts avec un excellent dejeuner que mangent Genet, Gerdret, Barthelemy, Peyrac, M. de Laval et quelques françois qui ont affaire à moi. Je suis couché sur un joli divan, ayant un aigle à coté de moi et mon kalmouk, des cignes, des oyes qui animent ma piece d’eau et un Renne qui se promene dans mon bois devant mes yeux. Adieu mon cher amour je serai dans l’inquietude jusqu’au moment ou je saurai si le Roi cède ou resiste à la motion du rappel des trouppes.

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Графине Сегюр от графа Сегюра

4 августа 1789 года

Моя дорогая, сегодня я пишу г-ну де Монтморену[375] и убедительно рассказываю ему в своей депеше о том деле, которое Вас интересует. Я подробно описываю все мотивы своего поведения, чтобы ему было трудно отказать. Необходимо, чтобы Вы и мой отец согласовывали свои действия со мной. Это решающий момент, ибо, не имея возможности послать курьера в следующем месяце, я пишу шифром по почте то, что, как Вы знаете, я написал бы с этим курьером. Жду ответа с крайним нетерпением. Надеюсь, он придет ко мне в первых числах января. До тех пор, пока мне его не пришлют, можете отдыхать. Какой-либо новости, которая могла бы Вас интересовать, у нас здесь нет. Мы в ожидании известий из армии и, возможно, не ранее чем через три недели мы получим что-либо важное. Я покидаю Вас, чтобы написать Вашему брату. Небольшой островок в моем саду служит мне кабинетом. Я пишу там, не чувствуя ветра; мне не бьет солнце в глаза, я сижу под зеленой листвой деревьев, за отличным обедом, который разделяют со мной Жене, Жердре, Бартолеми, Пейрак, г-н де Лаваль и несколько французов, которые имеют ко мне дело. Я лежу на моем милом диване, рядом со мной орел, мой плед, лебеди, гуси, которые оживляют мой пруд, и северный олень, гуляющий по моему лесу перед моими глазами. Прощайте, любовь моя, я буду волноваться до тех пор, пока не узнаю, уступил ли король предложению об отзыве войск или нет.

АВПРИ, ф. Секретнейшие дела (перлюстрация), оп.6/2, д.30, лл.318–318об.

17. Copie d’une lettre du comte de Ségur à la comtesse de Ségur

à Petersbourg ce 7^e Aoust 1789

Mon cher cœur, vous m’aviés instruit de coup d’autorité fait par le Roi, du renvoy de M. Necker, du changement de tout le Ministere et vous jugés facilement, quelle inquietude m’avoit donné la nouvelle d’une operation si tardive et si tranchante dans un instant ou toute la Nation etoit animée par l’enthousiasme de la liberté. Aujourd’hui mes craintes se sont confirmées et j’ai sçu par un courier Russe la revolte du peuple, l’affaire de la Bastille, le rappel des Ministres, la nomination de M. de S^t Priest, le depart de M. le C^te d’Artois et le parti qu’a pris le Roi de venir à l’assemblée nationale et de se mettre sous la garde du peuple dont cette demarche a ranimé l’amour et la confiance. Je crains encore mille details que j’ignore; je tremble pour tout ce qui m’est cher, je ne pense pas sans fremir que vous et ma famille vous vous trouvés dans le foyer de cette explosion. J’attends avec effroy les nouvelles de ce qui c’est passé dans nos provinces, mais j’espere au moins que l’assemblée nationale contente de sa victoire et gemissant des meurtres qui ont ensanglanté et taché son triomphe sentira la prompte necessité de mettre de la mesure dans ses arretés et de donner de la force au pouvoir executif qui peut seul nous donner une sureté interieure et exterieure et qui seul peut empecher les ambitieux citoyens de se dechirer eux memes. Je suis dans l’impatience de savoir si l’ordre nouveau d’administration prend une forme un peu solide, si M de S^t Priest reste en effet mon Ministre, si M. de la Vauguyon retourne en Espagne ou si l’on a donné cette Ambassade vacante. Je seche dans l’attente des couriers et de la poste, je desire des lettres de vous et de Lafayette qui me rassurent. On dit qu’il commande la garde bourgeoise de Paris et qu’il est Vice President de l’assemblée. Dites lui qu’au milieu de toutes ses affaires l’amitié reclame un mot de lui. Ma santé souffre de toutes ces agitatons et me rend un congé indispensablement necessaire.